G8 Research Group: G7 Governance
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La revitalisation du G-7:
Perspectives pour le Sommet des Huit à Birmingham, en 1998

JOHN KIRTON et ELLA KOKOTSIS

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John Kirton is an Associate Professor of Political Science and Director of the G-7 Research Group, University of Toronto;
Ella Kokotsis is a Post-Doctoral Research Fellow at the Centre for International Studies and Research Co-ordinator of the G-7 Research Group, University of Toronto.

Introduction
La rencontre annuelle des leaders du Groupe des sept nations les plus industrialisées (Grande-Bretagne, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon et États-Unis), de lUnion européenne et de la Russie, - la vingt-quatrième depuis ses débuts - , aura lieu les 15,16 et 17 mai 1998 à Birmingham, Angleterre. Sous la présidence énergique de leur hôte britannique, Tony Blair, les leaders sattarderont aux enjeux suivants : la crise économique asiatique et les réformes financières des institutions internationales, les défis autrefois nationaux et maintenant internationaux que sont le chômage et le crime, et, peut-être, la perspective dune crise financière en Ukraine de même que la question du développement en Afrique. La Russie se verra confirmée comme huitième membre du club (ce dernier devenant maintenant le G8) et son président, Boris Yeltsin, participera à toutes les discussions sauf pour une brève rencontre des sept dans laquelle on traitera daffaires économiques. Pour la première fois dans lhistoire des sommets, le cortège des ministres sera absent. Les chefs délibéreront dans un environnement retiré, informel et prendront des décisions quant aux directions à suivre pour le monde industrialisé à la veille du prochain millénaire.

Ces innovations quant au format, à ladhésion ainsi quà lagenda narriveront probablement pas à faire taire les nombreux sceptiques de ces réunions. Du haut de ce sommet de puissance, doù proviendront pendant un week-end différentes déclarations, les sceptiques ne pourront sempêcher démettre leur habituelle litanie de critiques - quelques-unes étant bien sûr tout à fait valides. Le point dancrage de ces attaques repose sur lidée que le G-7 serait inefficace et dénué de pertinence en cette ère daprès-guerre froide. Lordre international serait plutôt dicté par les États-Unis, par le G-3 (États-Unis, Europe-unie, Japon), par des pays comme la Chine ou autres nations émergentes ou encore par les marchés internationaux et les multinationales.

Suite à cela, on peut prévoir que les attentes envers le G-8 se feront croissantes à laube du nouveau millénaire. Ces attentes sont présentement les suivantes : garantir la croissance de léconomie mondiale et la libéralisation des marchés; poursuivre les réformes entreprises en Russie; améliorer la gestion de lécosystème mondial et préserver le monde de toute menace dans le Golfe Persique, la péninsule coréenne ou lex-Yougoslavie. À cette liste sajoute tout un ensemble denjeux autrefois purement domestiques qui prennent aujourdhui une dimension internationale : la menace que fait peser la crise financière asiatique sur le système financier mondial; les activités transnationales telles que le crime et les maladies contagieuses; et les menaces potentielles provenant de puissances expansionnistes telle que la Chine. Tous ces défis doivent être relevés par un groupe qui ne consiste encore quen une simple réunion annuelle de politiciens, dénuée de cette capacité organisationnelle collective telle quon la retrouve aux Nations-Unies, la Communauté européenne (CE) ou lOrganisation mondiale du travail (OMT). De plus, les  sceptiques  feront valoir que le G-7 est représenté aujourdhui par un président américain impuissant, un premier ministre japonais affaiblis par le marasme économique que traverse le pays et un chancelier allemand impopulaire et préoccupé par des élections en septembre. Dans ce contexte, il sera difficile pour Tony Blair dinjecter un peu denthousiasme  juvénile  dans le processus; enthousiasme pourtant nécessaire à la transformation de linstitution.

Blair et ses collègues pourraient toutefois faire les critiques. En effet, le Sommet de Birmingham montre déjà des signes dune vitalité nouvelle pour le G-7. Ce dernier est de plus en plus perçu comme le centre de gouverne mondiale en cette nouvelle ère. Son potentiel de revitalisation repose en premier lieu sur son bilan pendant les années 90. Alors que la guerre froide tirait à sa fin, un monde nouveau, démocratique et axé sur léconomie de marché, sinstallait. La mondialisation allait sétendre à lensemble de la communauté internationale et lui apporter une prospérité inconnue jusqualors. Bien que le G-7 ait connu des succès mitigés dans ses premières tentatives à sattaquer aux enjeux du moment, tels que les négociations de lUruguay Round (GATT) et des réformes politiques et économiques en Russie, ses efforts furent efficaces à long terme. Cependant, il faut admettre que le sommet de Denver de 1998 sest révélé être une déception quant à ses résultats réels, en particulier en ce qui a trait aux enjeux économiques et à la crise financière asiatique qui déjà se faisait pressentir. Lattention fut portée entièrement sur la présence de Yeltsin et le besoin de faire en sorte quil se sente bienvenu au sein du groupe.

Le G-7 débutera la rencontre de Birmingham sachant que derrière la façade que procure le vénérable Fonds monétaire international (FMI), les membres du groupe ont fourni le leadership nécessaire, à travers loctroi de fonds publics et de politiques publiques appropriées, et ce depuis le sommet de Denver, pour garantir la stabilité de léconomie mondiale face à des crises graves telles que la crise financière asiatique. Cette dernière présentait une menace de propagation importante, en particulier vers la Russie. Les changements apportés quant à la forme , à lagenda ainsi quà lentrée de nouveaux membres devraient garantir une marge de manoeuvre dans la gestion des défis rencontrés (crise financière asiatique et avènement de lEuro). Le sommet devrait aussi traiter de questions plus  sociales  , telles que lemploi et le crime pour lesquels le leadership et une vision large seront nécessaires afin de dépasser leur caractère domestique ou technique. De plus, si on considère les faits suivants, à savoir la position américaine quelque peu plus modeste après sa confrontation récente avec Saddham Hussein, le Japon sattaquant enfin à ses problèmes financiers qui perdurent depuis sept ans, et une Allemagne déterminée se tournant vers lEurope, les conditions sembleraient être en place pour que le Sommet de Birmingham procure des résultats substantiels.

Les réalisations des années 90
Au même titre que pour dautres  galaxies  institutionnelles internationales telles que les Nations-Unies, limage du G-7 a vogué selon les humeurs des commentateurs et citoyens. Avec le triomphe des nations démocratiques capitalistes après la guerre froide, les années 90 se sont présentées comme une période unique pour le G-7 afin quil établisse solidement sa position de centre de gouverne globale. La course aux armements nucléaires entre superpuissances a fait place à des enjeux militaire régionaux, des mouvements transnationaux qui menacent directement la sécurité des individus ainsi quà des préoccupations pour des enjeux économiques autrefois nationaux et maintenant internationaux. Mais leuphorie du début a fait place rapidement à un sentiment de déception alors quune série de revers est venu mettre en lumière la nécessité pour le G-7 dentreprendre des réformes radicales dans sa structure et sa représentativité sous peine de devenir obsolète et de disparaître. Certains ont voulu voir le G-7 se transformer en une sorte de communauté européenne globale avec les même caractéristiques bureaucratiques lourdes quon retrouve dans une institution comme les Nations-Unies par exemple. Dautres ont vu en ce groupe un club de nations riches occidentales bien fermé qui na aucune légitimité globale. Les  critiques  , pleines de cette rhétorique du Nouvel ordre économique international, de ce doute quant aux bénéfices associés aux principes de léconomie de marché et des régimes démocratiques, et subjuguées par la montée de puissances telles que lIndonésie et la Chine, en ont appelé à un élargissement du G-7 au-delà de la Russie. Plus récemment, la récession du début des années 90, le chômage élevé dans la plupart des pays membres, les ratés de la démocratisation en Russie, et les inquiétudes provoquées par la mondialisation des échanges financiers et du commerce ont conduit de gens à penser que le G-7 avait failli à sa tâche principale qui était de bien gérer léconomie mondiale. Ou encore, le G-7 aurait baissé les bras devant les forces du marché et avoué limpuissance de ses outils que sont les interventions sur les taux de change, les politiques monétaire et fiscale. Dautres  critiques  ont aussi affirmé que la venue de lEuro en 1999 viendrait réduire de facto les quatre membres européens en un seul pour ce qui a trait aux politiques monétaires et économiques et que le G-7 pourrait devenir le G-4 ou même le G-3 si le Canada était exclu.

À travers le débat sur lavenir du G-7 et sur ses performances se dégage limpression quun G-7 réformé, renouvelé pourrait jouer un rôle important dans la gestion de linstabilité et des inégalités créées par les forces de la mondialisation. Cette impression est renforcée par lhéritage du G-7 quant à sa capacité à faire émerger des ententes de coopération internationale sur des enjeux à caractère économique et sur des questions de sécurité internationale. Cependant, si on jette un regard sur les réalisations passées, en particulier celles des années 90, et quon tient compte des défis auxquels faisait face le G-7, on peut dire quil sen est tiré honorablement bien.

En dépit de quelques faux pas et ratés initiaux, les réalisations principales du G-7 sont éloquentes: la gestion fructueuse de la fin de la guerre froide et la transformation irréversible de la Russie, par loctroi dune aide financière à grande échelle et son inclusion au sein du G-7, en une démocratie basée sur léconomie de marché. Dans le domaine vital de la gestion macro-économique, le G-7 sest montré à la hauteur pour ses économies ainsi que pour léconomie globale qui ont fait mieux que ce quon avait pu constater dans les décennies précédentes, et ce tant en période de récession que de croissance. Le sommet de Tokyo en 1993 a dailleurs su tirer les leçons de la formule inventée par le G-7 dans les années 70 pour fournir la poussée nécessaire ultime afin de finaliser laccord sur laccès aux marchés qui assura la complétude de la ronde de négociations, dite de lUruguay, de laccord plus large quétait laccord général sur les tarifs et les échanges (GATT). Cet accord entraîna aussi la création de lOrganisation mondiale des échanges commerciaux (WTO). En ce qui a trait au développement durable, les sommets du G-7 des années 90 se sont concentrés sur la réduction de la dette des pays les plus pauvres et sur les accords touchant le réchauffement de la planète, la diversité biologique et la surpêche en haute mer. Par ailleurs, le G-7 a lancé, au sommet dHalifax, le mouvement pour une réforme en profondeur des institutions financières internationales (IFI) afin quelles soient en mesure de faire face de manière plus adéquate à des crises telles que celles qui ont frappé le Mexique en 1994 et lAsie en 1997.

Les participants aux différents sommets des années 90 ont aussi un dossier fort respectable quant au respect, sur un plan individuel, de leurs engagements pris collectivement. Bien quil soit difficile de faire des comparaisons concluantes, on peut affirmer, après étude des cas individuels, que cette décennie a vu les membres du G-7 respecter leurs engagements de manière plus fidèle que dans les décennies précédentes. Que ce soit pour la réduction de la dette des pays les plus pauvres ou la lutte contre le réchauffement de la planète, tant le plus modeste membre, le Canada, qui se montre en général très favorable aux accords multilatéraux, que le plus puissant dentre eux , les États-Unis, souvent plutôt prédisposés à agir seuls, ont respecté leurs engagements pris au sein du G-7.

Le sauvetage du système financier international en 1997
La prévention dune propagation de la crise asiatique à lensemble du système en 1997-98, son endiguement à lintérieur de la zone asiatique et lextension, par lentremise des réformes, des principes démocratiques et libéraux en Asie, sont attribuables au rôle indispensable qua joué le G-7. Ce fait en lui seul devrait procurer aux rencontres de Birmingham un dynamisme certain. Le G-7 peut toutefois faire lobjet de critiques quant à son incapacité à avoir su prévenir la crise lors du sommet de Denver en 1997. À Denver, les ministres des finances ont consacré beaucoup de temps aux questions touchant la régulation financière mais, au même titre que leurs chefs, ils nont pas senti lurgence de la situation telle que celle quavait engendrée la crise mexicaine et ont présumé que les mesures prises à Halifax suffiraient. Les leaders étaient trop préoccupés par la présence de Yeltsin et son entrée dans le club en échange de son acquiescement à lélargissement de lOrganisation du traité de lAtlantique Nord (OTAN). Ceci a laissé peu de temps pour quune discussion sérieuse sur la situation financière asiatique sinstalle. De plus, la pensée réconfortante que ce dernier enjeu serait géré de manière efficace par les ministres des finances du G-7 a été contredite par laggravation de la crise six mois plus tard. Les ministres des finances nont pas la stature politique pour amener les dirigeants des pays asiatiques à abandonner les vieilles façons de faire, à adopter des mesures  douloureuses  ou encore à prendre en compte les implications plus larges sur les plans économique, politique et militaire dune aggravation de la crise.

En raison surtout de la perception quont les pays européens membres du G-7 de la Thaïlande comme étant un pays sinsérant dans la zone de responsabilité régionale asiatique, le G-7 na joué quun rôle de support plutôt passif au début de la crise lorsque, en août 1997, il a rendu possible loctroi dun prêts de 17 milliard de dollars US à ce pays. Parmi les membres du G-7, seul le Japon a fourni les fonds nécessaires. Les ministres des finances ont par contre apporté une contribution importante lors de leur rencontre en septembre. Cette rencontre a eu lieu presque au même moment où les membres du FMI se sont réunis à Hong Kong. La crise monétaire asiatique a dominé la rencontre des ministres des finances du G-7 et engendré une révision large de lapproche nécessaire pour gérer cette crise. Une fois de plus, la question de la gestion des systèmes financiers internationaux est revenue sur la table. Les ministres des finances, se consultant autant de leur côté quen tant que membres du conseil des gouverneurs du FMI, ont pris plusieurs décisions historiques pour lesquelles aucune entente nétait survenue à Halifax en 1995. Entre autres décisions, il y a laugmentation de la part de quota du FMI de 45%, le changement des Articles dententes du FMI pour sassurer que le FMI soit responsable de la libéralisation des comptes courants, lamélioration de la gouverne nationale afin de lutter contre la corruption, et laugmentation de loctroi de droits de tirage spéciaux (special drawring rights, SDRs). À Hong Kong, le G-7 a aussi réussi à convaincre le Japon que le FMI devait rester au coeur de toute tentative de rescousse et quun fonds de support régional était alors à exclure.

Lensemble des réformes proposées à Hong Kong constitue une preuve évidente de la valeur du G-7 en tant que concert de membres égaux : un forum dans lequel des membres différents peuvent prendre le devant de la scène et amener un membre puissant plutôt récalcitrant comme les États-Unis à sajuster à un nouveau consensus efficace et global. Sur la question de laugmentation de la part du quota pour le FMI, les autres membres du G-7 ont combiné leurs forces pour convaincre les États-Unis daccepter, à la dernière minute, laugmentation de 45%. Il faut préciser que les États-Unis étaient divisés intérieurement sur cette question et que le pouvoir exécutif craignait lopposition du Congrès. La libéralisation des comptes courants, quant à elle, (un enjeu mis de lavant par les Britanniques et que le directeur du FMI, Michael Camdessus a fait sien), a fait face à des craintes initiales qui sont venues tempérer lenthousiasme pour une libéralisation tout azimut. Ces craintes, particulièrement au Canada, reposaient sur lidée quune telle libéralisation mettrait en péril certaines politiques nationales telles que la sécurité nationale et la sécurité culturelle. À la rencontre des ministres des finances à Hong Kong, les États-Unis, le Japon et le Canada ont repris linitiative du sommet de Lyon en 1996 sur la nécessité de réformer les secteurs financiers et banquiers. Limportance de traiter des questions de gouverne nationale, particulièrement chères aux États-Unis, été appuyée par le Canada . Son succès a été possible lorsque le FMI a déposé la question sur la table à Hong Kong. Quant à lallocation des SDR, le FMI, en accord avec la position du G-7 à Halifax, a accepté de la doubler et de transférer les montants à ses nouveaux membres.

Ces mesures préventives ont été suivis par un engagement de plus en plus décisif de la part du G-7 à mesure que la crise financière asiatique sest aggravée. Une série de mesures pour aider lIndonésie, des fonds nationaux fournis par les États-Unis et le Japon, a été mise en place comme deuxième  ligne de défense  au cas où les fonds avancés par les IFI nétaient pas suffisants. En novembre, lorsque tous les membres du G-7 ainsi que les Philippines se sont rencontrés, un accord est venu rendre officiel cette entente sur cette deuxième ligne de défense. Cet accord était nécessaire pour sassurer que tous les membres avaient lautorité législative pour aller de lavant.

La prudence sest alors avérée bonne conseillère. Au début de décembre, les pays du G-7 se sont mis daccord pour supporter une Corée du Sud plutôt mal en point avec une aide de 35 milliards de dollars US du FMI, de la Banque mondiale, et de la Banque asiatique de développement, et le tout renforcé, si nécessaire, par leurs propres fonds nationaux. À cette aide, le Japon a alors contribué 10 milliards de dollars US, les États-Unis 5 milliards, chacun des membres européens 1,25 milliard, et le Canada jusquà 1 milliard. À mesure que le mois de décembre a progressé, il est devenu évident que la première ligne de défense des IFI était insuffisante et quelle nallait pas décourager les marchés dattaquer les monnaies sud-coréenne et autres. Le G-7 a alors commencé à prendre des initiatives afin de dempêcher que la situation ne dégénère. Une des causes initiales du déclenchement de cette crise a été la publication dun rapport affirmant que la Corée du Sud faisait face à des obligations de remboursement de sa dette extérieure à court terme de lordre de 100 milliard de dollars US, ce qui dépassait de beaucoup les prévisions. Ce chiffre était trompeur parce quil sagissait dune valeur nette qui ne tenait pas compte du report de dettes dune valeur de 30 milliard de dollars US ou aucun des prêts que la Corée du Sud avait elle-même octroyé à dautres pays et qui auraient pu faire lobjet dun transfert afin de servir de couverture. Néanmoins, cette somme a été suffisante pour semer la panique dans les marchés et, pendant trois consécutifs, le won sud-coréen a chuté de 10%, son maximum permis, par rapport au dollar américain.

Les États-Unis avaient espéré au départ sauver leurs propres dollars pour une deuxième ligne de défense et quen faisant connaître lexistence de cette deuxième ligne ils arriveraient à arrêter lhémorragie. Mais il est vite devenu clair quune réponse plus musclée était nécessaire. Les membres du G-7 ont donc obtenu un accord de leurs banques privées afin que ces dernières assurent le report des dettes en échange de la mise en place de la deuxième ligne de défense. Cet accord sest avéré très utile étant donné les difficultés que rencontraient les États-Unis à obtenir du Congrès les fonds nécessaires. Les députés du G-7 se sont alors engagés dans dintenses consultations. Un peu avant Noël, le directeur du FMI a alors rencontré des directeurs exécutifs des pays du G-7; une rencontre  secrète  dans laquelle aucune note ne fut prise. La douzaine de personnes présentes ont convenu que la première ligne de défense était insuffisante et quune deuxième ligne composée des contributions nationales du G-10 ( le G-7 plus la Belgique, les Pays-Bas et la Suisse) ainsi que de quelques pays asiatiques serait nécessaire. Le directeur exécutif américain du FMI a alors appelé le Secrétaire américain au trésor, Robert Rubin, qui, après étude de la situation, a répondu que si les dollars américains étaient nécessaires, ils seraient disponibles autant quil faut. Avec les États-Unis disposés à avancer leurs part (1,7 milliard de dollars US) dici le 25 décembre, les autres ont ensuite embarqué à leur tour. Lannonce du 24 décembre que les fonds nationaux étaient maintenant en place a alors été suffisante pour endiguer le flot. Le won a augmenté immédiatement de 22% et son marché boursier a fait de même par une marge similaire. Laccord entre les banques privées pour reporter la dette sud-coréenne a été rendu public le 28 décembre. La contribution express de 2 milliard de dollars US du FMI est arrivée le 30 décembre.

La stabilisation de la crise sud-coréenne par le G-7 a réduit la pression sur les autres monnaies sud-est asiatiques, particulièrement celles de Hong Kong, Taiwan et la Chine, et diminué la menace systématique dune attaque sur un système financier japonais fragile. Ce sont les pays qui ont résisté aux mesures prescrites par le FMI, tel que lIndonésie, qui ont souffert encore plus des attaques répétées des spéculateurs, bien que dautres tels que les Philippines ont dû  encaisser  tout de même en dépits des mesures suivies. À mesure que la situation en Indonésie a continué à se détériorer, les États-Unis, appuyés par lAllemagne et supportés par le G-7, ont fait pression auprès des autorités indonésiennes. Le 15 janvier 1998, le FMI et lIndonésie ont alors signé une lettre dentente selon laquelle lIndonésie acceptait de nouveaux objectifs économiques et entreprenait des réformes structurelles en profondeur. En dépit dune certaine résistance ultérieure de la part des autorités indonésienne et malaysienne ainsi que les réticences du Congrès américain à approuver loctroi de fonds, la crise avait été somme toute contenue par laction opportune du G-7. Faisant preuve de leur domination sur les marchés, les pays du G-7 ont réussi à imposer leur volonté sans avoir à utiliser leurs fonds nationaux. Au contraire, ils ont permis lintervention des IFI, des banques et autres acteurs du secteur privé.

La promesse du sommet de Birmingham
Un agenda plus ciblé, une stabilité dans le nombre de participants et des initiatives du pays hôte pour améliorer le processus du sommet; tels sont quelques-uns des signes encourageants qui semblent suivre la lancée des récents succès qua connu le G-7. La force principale du sommet à venir repose encore sur son agenda ambitieux et opportun, taillé pour faire face aux enjeux pressants du moment , et sa capacité à agir rapidement et de manière préventive afin daccomplir une réforme à long terme. Ces deux aspects conduisent le G-7 en dehors des simples questions de relations internationales et de politique étrangère et vers des enjeux purement domestiques et ce même pour des pays non-membres du G-7. Effectivement, lagenda de Birmingham fait du G-7 un centre de gouverne domestique à léchelle globale.

Au coeur de cet agenda se trouve la stabilité financière globale et les enjeux collatéraux que sont la réforme des systèmes bancaires et financiers nationaux et internationaux, de même que le FMI et les autres IFI publiques. Le défi de ces réformes est de sassurer que le système international soit capable de prévenir et de gérer les crises. Pour ce faire, ces réformes doivent mettre laccent sur une plus grande transparence, une détection des crises plus poussée, et le partage de responsabilités avec le secteur privé. Les leaders du G-7 semblent avoir accepté le fait que pour assurer une réforme véritable qui garantira la stabilité et la croissance, ils devront sengager personnellement dans lexercice de pressions envers des leaders récalcitrants tels que le président Suharto dIndonésie. Même si, comme dans le cas de la Thaïlande, le FMI avait linformation comme quoi une crise pointait à lhorizon, des interventions à haut niveau avec les autorités thaïlandaises ne menèrent à rien. Il y a aussi une impression selon laquelle le Japon, jusquà maintenant, na pas joué le rôle qui lui revenait face à la crise asiatique, laissant tout le travail aux États-Unis, parce que trop occupé par des problèmes domestiques. Les Européens, qui furent pleinement conscient de limpact de cette crise sur leurs économies, sont inquiets aussi que les États-Unis, face à une crise dune telle ampleur, ne se retrouvent les seuls à pouvoir agir. Ils participèrent à la deuxième ligne de défense afin de garantir leur influence dans la balance, aux côté des États-Unis et face aux décisions prises par le FMI et la Banque mondiale. Les doutes quont éprouvés les membres du G-7 face au caractère approprié de ces décisions laissent penser que le G-7 devrait retourner à la formule de Halifax pour la réforme des IFI et identifier des chemins à suivre pour aller plus loin. Ceci contribuerait à étouffer les critiques émises aux États-Unis envers la performance du FMI dans la gestion de la crise monétaire asiatique et la perception négative du Congrès quant à la nécessité doctroyer des fonds publics pour secourir des banques qui ont manqué de jugement dans leurs prêts. Cela permettrait aussi de débloquer les fonds retenus au Congrès qui sont la part américaine telle quentendu dans le  New Arrangements to Borrow  (créé en 1994 à la suite de la crise du peso pour remplacer le  1962 General Arrangements to Borrow  ) et la part américaine pour le FMI.

Les autres enjeux sont de nature domestique : le chômage et le crime. Ces deux enjeux avaient été déclarés  enjeux majeurs  à Denver pour le sommet à venir, celui de Birmingham, et ils ont gardé ce statut. Le chômage, en tant quenjeu, avait été choisi en partie parce que Tony Blair est le chef dun parti travailliste et parce quil sera président de lEurope-unie lors du sommet de Birmingham. Sur le continent européen, le chômage constitue un problème de grande ampleur; particulièrement en Allemagne où la situation prend des proportions de crise avec un taux de chômage autour de 12.6%, le plus élevé parmi les pays du G-7. Le chancelier Helmut Kohl, présentement très impopulaire, doit faire face à des élections en septembre qui pourraient affecter le passage en douceur de lEuro. Le chômage chez les jeunes en particulier, une question que Blair aimerait voir à lagenda afin que le G-7 approuve ses réformes nationales récentes dans le domaine social ainsi que son nouveau programme dit  new deal  , atteint 33% en Italie et 28% en France comparativement à 16% tant en Grande-Bretagne quau Canada. Lapport du sommet de Birmingham sur cette question du chômage se fera probablement dans la comparaison des expériences domestiques et le partage (et peut-être lidentification de manière collective) des meilleures politiques et des leçons à tirer. Il ny a jusquà maintenant aucun consensus clair sur la façon dont pourrait sy prendre le G-7 pour arriver à une coordination internationale permettant une amélioration de la situation. Cependant, le G-7 peut, par un accord collectif sur les meilleures pratiques et politiques internationales à suivre et en faisant appel à de nouvelles idées dans différents secteurs, établir des directives qui inspireront de nouvelles politiques au niveau national. La rencontre des ministres de lemploi du G-7 en février 1998 à Londres a permit létablissement dune base dentente sur laquelle les chefs pourront travailler à Birmingham.

La question du crime, qui préoccupa grandement les leaders allemand, russe, italien et américain à Denver, promet dêtre toute aussi productive. Bien quencore une fois, cet enjeu semble être avant tout de nature domestique, il apparaît évident quune plus grande coopération internationale garantirait de meilleurs résultats. Tout repose sur la capacité quauront les chefs du G-7 à dépasser la culture du  secret  associée à cette question, de même que la coopération des différents départements à combattre le crime transnational. Bien que des rencontres telle que celle tenue à Washington en décembre 1997 contribue à faire avancer le débat, limplication des grands leaders savère nécessaire lorsquil sagit de garantir la coordination des efforts. Les leaders du G-7 doivent aussi composer avec le fait quune partie du gouvernement russe est elle-même impliquée dans le crime organisée. À ce titre, il faut mentionner que la Russie nest pas le seul pays préoccupée par lintrusion du crime organisée au sein des institutions étatiques.

Le développement durable, qui faisait tant les manchettes à Denver en 1997, à Lyon en 1996, et Halifax en 1995, ne devrait pas cette fois-ci faire grand bruit à Birmingham. Les leaders en parleront un peu lorsquils traiteront de la crise asiatique et de ses impacts sur les pays en voie de développement. Toute discussion élargie sur la question devrait inclure la question de lAfrique, comme on lavait vu à Denver. Mais il ne semble pas que le G-7 puisse ajouter quoi que ce soit pour le moment sur cette question. Pour ce qui est de lenjeu majeur quest lenvironnement et le changement climatique, il semble y avoir un accord général à laisser le terrain aux négociations entourant la Convention des Nations-Unies sur le changement climatique dont la troisième conférence eut lieu à Kyoto en décembre 1997. Les décisions difficiles pourraient donc attendre la tenue de la prochaine conférence à Buenos Aires plus tard en 1998. Un autre enjeu important qui risque dêtre mis de côté est celui de la libéralisation du commerce multilatéral. Étant donné les craintes assez répandues quant aux  méfaits  de la mondialisation, de même que léchec du président américain à obtenir de la part du Congrès lautorisation  fast track  , il est peu probable que dimportantes initiatives telle que celle dune nouvelle ronde de négociations multilatérales proposée par Sir Leon Brittan, fassent partie de lagenda. À Birmingham, les leaders vont donc célébrer les valeurs du système économique mondial ainsi que les cinquante ans du GATT, mais ils laisseront la question centrale dune nouvelle ronde de négociations pour le sommet de 1999 en Allemagne. Le traitement superficiel de ces enjeux pourraient donner des munitions à ceux qui critiquent les sommets comme étant trop préoccupés par des événements épisodiques. Ce manque dattention envers des questions importantes pourraient mettre encore plus de pression sur les forums ministériels du G-7, en particulier ceux touchant le commerce et lenvironnement, et mettre en lumière le besoin de tels forums pour les questions de coopération environnementale.

La capacité du G-7 à entreprendre des actions préventives pourrait être mise à lépreuve par la situation financière dramatique de lUkraine qui ne peut plus rencontrer ses paiements. Dune part, laction préventive du G-7 est gênée par un certain consensus parmi ses membres selon lequel le G-7 aurait un pouvoir somme toute limité et quil serait plus prudent dattendre après les élections présidentielles en mars 1998. Dautre part, le G-7 reste conscient de ses responsabilités envers lUkraine. Le G-7 a fait savoir clairement quil entendait apporter un support financier mais seulement après que lUkraine ait mis de lordre dans ses affaires. La tâche immédiate du G-7 consiste à sassurer que lUkraine continuera à respecter laccord, entre autres, touchant la fermeture des réacteurs de Chernobyl. Cette initiative est financée par le G-7 par lentremise du  Shelter Implementation Fund  .

Étant donné cet ambitieux agenda, il apparaît peu probable que le sommet de Birmingham, contrairement à celui de Denver, sera monopolisé par le désir des membres du G-7 daccueillir en leur sein la venue de la Russie et de lui donner une place de participant à temps plein aux discussions. Il existe une conviction généralisée et sage selon laquelle le sommet de Birmingham, étant donné son agenda très sérieux sur le plan économique, devrait continuer la formule de Denver, à savoir une partie du temps total du sommet qui serait allouée à des discussions franches sur des sujets délicats, incluant le futur de la Russie. Une telle rencontre des sept devrait être longue et substantielle mais présentée publiquement de manière telle quelle inclut la Russie.

La répétition de la formule de Denver sera une source de grande déception pour les Russes qui sont convaincus quon leur avait promis (et quils méritent) un statut de membre à part entière du G-8; particulièrement maintenant que la croissance réelle est revenue au tableau de leur économie après une décennie de déclin. Pourtant, lattaque des spéculateurs sur le rouble au début février 1998 combinée à la montée des taux dintérêts, la chute du marché boursier et le tarissement des flux dinvestissements étrangers nous montrent que la Russie demeure un consommateur potentiel de sécurité financière en compétition avec lAsie, plutôt quun partenaire apportant une telle sécurité aux côtés des autres membres du G-7. Les hausses subites des taux dintérêts augmentent les coûts de service de la dette russe et ajoute aux difficultés à contrôler son déficit budgétaire. Pendant ce temps-là, la Russie continue den arracher avec les privatisations, la collecte des taxes, les droits de propriété et la chute des revenus provenant des exportations. De même, on ne doit pas sattendre de la part des autorités ukrainiennes à répondre de manière favorable aux demandes pressantes du G-7 à réformer leur économie sils savent que les Russes sont parmi ceux qui dicteront ces demandes. Les Russes eux-mêmes, confrontés à ces réalités, pourraient être assez prudents pour cacher leur déception au fait dêtre exclus de toutes les sessions et souligner simplement le fait que le groupe comme tel (entendu comme distinct du sommet) sappellera pour la première fois le G-8.

Le fait de tenir la Russie à distance, dans les faits sinon dans la présentation, devrait suffire pour sassurer que dautres puissances de grande taille ne viennent trop cogner à la porte du club. Une telle éventualité viendrait diluer les fondations du G-7 (i.e. léconomie de marché et un système politique démocratique) et mettre en péril sa capacité à répondre rapidement et de manière cohésive aux crises émergentes. En dépit de lappel de plusieurs personnalités officielles maintenant retirées et de commentateurs bien intentionnés en faveur dune inclusion de la République populaire de Chine, il ny a aucun support dans les cercles officiels pour une telle initiative. En fait, il y a même un consensus profond et tacite comme quoi la Chine ne suit pas les règles de la démocratie et du libre marché et est ainsi immunisée aux bénéfices de la socialisation obtenus par linclusion au sein du G-8 (en opposition aux forums tels que celui de lOMT avec ses membres nombreux et ses moyens plus limités). De plus, sa puissance économique grandissante est aujourdhui mise en doute. Il est vrai, dune part, que la Chine et Hong Kong ont échappé aux étapes initiales de la crise monétaire asiatique et ont apporté leur soutien financier au processus de Manille. À cela, il faut aussi ajouter le fait que la Chine travaille à réformer ses institutions financières et à réduire la taille de son secteur public de la même manière que ses collègues asiatiques ont été amenés à le faire suite aux pressions du FMI. Mais, dautre part, la dévaluation de sa monnaie ainsi que son caractère  non-convertible  , de même que la nécessité pour les pays européens de se joindre au processus de Manille viennent mettre en lumière les limites du rôle de la Chine en tant que participant influent dans le système économique.

La crise monétaire asiatique a mis en relief les dangers dinclure de nouveaux membres qui, pour un moment, semblent avoir une économie robuste, en croissance, et dont linclusion procurerait au G-7 une représentativité régionale. Le prétendant le plus récent était lIndonésie. Le président Suharto, qui détenait la présidence du Mouvement des non-alignés, obtint, en 1993, une rencontre à Tokyo avec les chefs américain et japonais à la veille du sommet de Tokyo. La faiblesse actuelle de léconomie indonésienne et de son système politique est une leçon éloquente pour ceux qui chercheraient à étendre la représentativité du G-7 par lajout de nouveaux membres. Le G-7 na fait que grandir en nombre et na jamais exclu un membre. Il se trouverait en situation difficile si un des membres était en état deffondrement.

Le processus menant au sommet : une réforme comme garantie de revitalisation
En laissant derrière soi cette question de la participation russe qui a prit souvent le haut du pavé lors des six derniers sommets, le sommet de Birmingham devrait enfin permettre lémergence dinnovations dans le processus même des sommets. En effet, Birmingham promet dêtre une extension importante de la force principale du G-7, à savoir une institution internationale avec un contrôle politique dans les mains de leaders élus populairement. Son premier accomplissement sera davoir enfin un format dans lequel se retrouveront seuls les leaders des huit, ce qui reflétera lesprit dorigine du G-7. Ces dernières années, depuis 1975 à Rambouillet, avec la complexité des enjeux croissante, la présence des ministres des finances et de la politique étrangère sest faite nécessaire. À cela, il faut aussi ajouter les représentants de partis dans des gouvernements de coalition en Allemagne et au Japon. Avec le nouveau format de Birmingham, instauré par Blair et recevant lappui de Clinton, les ministres se rencontreront en Angleterre une fin de semaine avant la tenue du sommet. Les discussions au sein des délégations nationales, si elles sont bien menées, devraient apporter la préparation nécessaire et opportune au niveau politique ainsi que linjection dune expertise quant aux dossiers à traiter dans les délibérations des chefs. Laissés à eux-mêmes, les chefs dÉtats seraient amenés à faire ce queux seuls peuvent faire, cest-à-dire montrer le chemin à travers les intérêts bureaucratiques et particuliers. Il y a grand intérêt à ce que ce nouveau format soit efficace car il sera très tentant de retourner à lancienne formule étant donné que le Japon et lAllemagne se retrouveront probablement encore avec des gouvernements de coalition lorsquils seront tous deux hôtes en 1999 et en 2000.

La diminution du caractère formel est aussi en accord avec cette approche dun sommet des chefs, pour les chefs. Le sommet devrait débuter par un dîner gala à Londres qui devrait laisser Yeltsin pantois devant une splendeur toute royale, un gala où les ministres seront absents des photos officielles. Mais une fois les cérémonies terminées, les chefs consacreront le reste du temps passé ensemble dans une retraite où des discussions informelles pourront prendre place. Chaque chef sera accompagné, au maximum, par cinq personnes officielles. Une telle formule sest avérée efficace lors de rencontres officielles telles que celles du Commonwealth, de la Francophonie, et plus récemment à la rencontre de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC). Tous les participants du sommet sont maintenant assez familiers les uns avec les autres pour permettre ce type de rencontre intimiste. Néanmoins, les rencontres auront une présidence qui sassurera que les débats vont dans la bonne direction. On devra aussi faire en sorte quaucun ministre exclus ne se glisse dans les groupes de cinq personnes  non-ministérielles  .

Afin de maintenir une certaine crédibilité en labsence des ministres à la rencontre des chefs, un communiqué sera émis, plus direct que ce qui est produit normalement, et qui reflétera la nature des discussions. Bien que les leaders souhaiteront peut-être produire un document officiel qui supporte les décisions prises par leurs ministres, leur propre communiqué devrait les placer dans une meilleur position pour montrer les directions que propose le G-7 à la communauté internationale. Ceci devrait aussi leur permettre de parler avec autorité et authenticité sur les crises à traiter - que ce soit en Irak, dans lex-Yougoslavie, ou la Corée - qui ont surgi à la veille du sommet. Toutefois, contrairement à ce quon a vu en 1995 et 1996, ces discours officiels se feraient certainement à huit.

Une autre innovation à grand potentiel serait linclusion des responsables des organisations internationales dimportance directement dans les discussions du G-7 ou G-8 au niveau ministériel ou même celui des chefs dÉtats. Suite aux développements en Asie, les chefs doivent traiter à nouveau de la question de la réforme des institutions financières internationales qui a fait lobjet de discussions à Halifax, en concert avec la question de la réforme des systèmes nationaux et internationaux de supervision des banques et autres institutions financières. Il serait préférable, pour garantir la présence dune expertise nécessaire aux chefs dÉtats et faciliter limplantation rapide des décisions prises au sommet, que les responsables des institutions internationales soient impliqués pour un temps limité dans les discussions avec les leaders plutôt que lors dun dîner daprès-sommet tel quon la vu à Lyon en 1996. Le directeur du FMI devrait recevoir la première invitation, mais, tout comme à Lyon, il serait aussi important dinviter ses collègues de la Banque Mondiale (responsable des finances touchant le développement), de lOCDE (responsable de lAccord multilatéral sur les investissements), et de lOMT (responsable du commerce dans les services financiers). Cependant, leur présence pourrait détourner lattention des média au détriment des leaders en mal de couverture et affecter limage dun sommet qui se voulait centré sur les seuls chefs dÉtats des huit nations. Lalternative serait que les responsables des organisations internationales se joignent aux ministres des finances à Londres pour la rencontre qui précédera dune semaine celle de Birmingham. Quelle que soit la formule choisie, le consensus dHalifax, à savoir une plus grande coopération entre tous ces intervenants, demeure un objectif important qui requiert le support pratique du G-7.

Le remplacement possible des ministres nationaux, élus, par des responsables non-élus des organisations internationales les plus importantes viendrait diluer plutôt quaugmenter le contrôle politique. Par contre, avec la présence des leaders élus démocratiquement, ce nouvel assemblage pourrait être la réponse à ceux qui demande que le G-7 soit plus représentatif sur un plan global car les pays non-membres pourraient se reconnaître indirectement dans la présence de responsables dinstitutions desquelles elles sont membres. Ceci voudrait aussi dire un changement dorientation, des questions dordre national vers une perspective intégrée, plus globale. À cet égard, un tel déplacement serait en accord avec les phénomènes de mondialisation, des transnationales et de linternationalisation denjeux autrefois domestiques. Le fait que les ministres des finances du G-7 rencontrent ces bureaucrates de haut niveau serait en soi une façon daccomplir ces objectifs, tout en sassurant que le sommet comme tel reste un forum pour gens élus démocratiquement.

Le succès dune telle formule pour le sommet repose en partie sur la gamme dinstitutions, aux niveaux ministériel et officiel, créées par le G-7 pour répondre aux défis des années 90. En effet, cette formule dépend de la reconnaissance et de lacceptation du fait que le G-8 nest pas un événement singulier ne reposant sur rien mais un système dinstitutions à plusieurs niveaux avec une logique verticale et latérale en croissance ainsi que des liens. Les corps ministériels antérieurs du G-7 pour le commerce, la finance et les affaires étrangères furent rejoints en 1992 par ceux de lenvironnement, en 1994 par lemploi, en 1995 par linformation et le terrorisme, en 1997 par le crime, et en 1998 par lénergie. Un vaste réseau de groupes de travail indépendants, du niveau des députés jusquen bas, a aussi été établi.

Ce système  invisible  de gouverne du G-7 a fait ses preuves, comme on a pu le voir dans le travail frénétique des responsables des finances et leurs personnes officielles à la fin de lannée 1997 et au début de 1998 en réponse à la crise asiatique. Toutefois, ce réseau en croissance mériterait dêtre renforcé et mieux structuré. Il serait, par exemple, avantageux dajouter des réunions printanière et estivale aux dîners automnales des ministres des affaires étrangères qui se tiennent annuellement à louverture de lassemblée générale des Nations-Unies. Ceci garantirait au G-8 une capacité de réaction politique rapide sur toute lannée et une surveillance systématique de limplantation des engagements pris lors des sommets. Une deuxième réforme utile serait daccorder aux sous-sherpas et aux directeurs politiques des responsabilités, mandats et autorités plus clairs quant à ce réseau afin dassurer une supervision de la gestion qui soit plus efficace. Une troisième réforme serait de maintenir la flexibilité du système en abolissant ces organismes qui ont rempli leur rôle de catalyseur et dont les résultats seraient mieux implantés par des organisations déjà établies. Un exemple actuel pourrait être le Groupe des directeurs des Nations-Unies du G-8 qui sest montré efficace dans la promotion de la réforme nécessaire des Nations-Unies telle que proposée lors du sommet de Halifax. Ce rôle est maintenant terminé.

Dans lensemble, lorsquon prend en considération les données suivantes, à savoir le leadership collectif historique et la direction de politiques apportés par le G-7, le tout associé aux innovations récentes en termes dagenda, de format et de ladhésion de nouveaux membres, on peut croire que le sommet des huit de Birmingham sannonce comme le début dune ère nouvelle pour le G-7. Sa revitalisation lui assure une reconnaissance en tant que centre potentiel de gouverne globale en ces temps daprès-guerre froide et de mondialisation.

John Kirton est Professeur associé de Science politique et Directeur du Groupe de recherche sur le G-7, de l'Université de Toronto; Ella Kokotsis est  Fellow  de recherche post-doctorale au Centre des études internationales et coordonnatrice du Groupe de recherche sur le G-7, de l'Université de Toronto.

Tous deux sont reconnaissants envers deux réviseurs anonymes ainsi quenvers Michael Hawes et Sir Nicholas Bayne pour leurs commentaires faits dans un travail antérieur.

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